Comment a été pensé Exchange 2010! La vision Microsoft

La vision Microsoft est basée sur de nombreuses évolutions que nous allons détailler ici. Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive, mais d’expliquer certaines orientations nouvelles du produit.

I) Les évolutions technologiques :

  • Les capacités des disques évoluent énormément (Disques 1 To SATA), durablement, abaissant globalement le coût du stockage. Ces capacités s’accompagnent de taux de transferts très rapides mais uniquement en lectures séquentielles sans changement de piste.
  • En revanche, la vitesse lors de recherches aléatoires sur les disques ne progresse quasiment pas, et les possibilités d’évolution sont faibles.

Ces 2 points ont orienté Microsoft sur un nouveau schéma de base de données totalement remis à « plat », c’est le cas de le dire. Chaque boîte aux lettres, chaque dossier représente maintenant une table spécifique. La lecture de ce type d’informations est donc maintenant séquentielle, la présentation des données (L’ordre, filtrage, etc) n’est réalisée que lorsque l’utilisateur provoque cette requête. Cette philosophie appelée « Pay for view » consiste à ne réaliser la vue que si elle est demandée et éviter ainsi toutes les mises à jour intermédiaires inutiles. Dans l’ancien schéma de base Exchange 2007 et avant, tous les messages étaient rangés dans de grandes tables, les mises à jour des index et des vues étaient donc permanentes, par exemple lors de l’arrivée de messages.

Cette augmentation de capacité des disques permet de proposer de réintégrer les (nombreux) fichiers d’archivage (PST) des utilisateurs à côté de la boîte principale. Dans ce nouveau cadre, les boîtes à lettre sont maintenant optimisées pour une taille moyenne de 10 GO.

L’utilisation de baies de type SAN disposant d’espaces disques importants est toujours possible, mais n’est plus un passage obligé pour les entreprises désirant fiabiliser l’accès à la messagerie par la technologie de cluster.

  • La simplification des différents modes de cluster !

Exchange 2007 permettait déjà de réaliser des différents types de clusters : LCR, CCR, SCR, SCC. Mais, ces solutions étaient souvent complexes à mettre en place (SCR), nécessitaient du matériel spécifique (SCC) ou ne semblaient pas utiles (LCR). Microsoft a remplacé l’ensemble de ces technologies par une méthode unique de réplication « logicielle » des banques d’information appelée DAG. Ce mode remplace avec brio (et sans casse-tête) les modes CCR (réplication sur des nœuds en local) et SCR (Réplication sur des nœuds distants). Ceci ne règle pas tous les problèmes et ne permet pas toujours de diminuer le nombre de serveurs réellement nécessaires.

  • La technologie Azure

Cette technologique permet à tous les nouveaux développements basés sur cette technologie de fonctionner sur les ressources internes ou externes (hébergées) de manière identique. L’entreprise peut choisir d’utiliser l’application soit en totalité sur son réseau, soit sur Internet, soit un mixte des 2. Les serveurs de bases SQL, les serveurs de messagerie peuvent ainsi basculer vers l’hébergement en fonction des coûts réels à un moment donné.

Exchange 2010 fonctionne sur ce modèle : l’administration permet de gérer dans la même console les serveurs « on premises » (internes) et les serveurs « on line » (On the Cloud). Les boîtes peuvent ainsi être basculées entre les 2 types de serveurs.

  • L’accès Internet est banalisé avec un accès rapide et généralement peu couteux. Les utilisateurs s’habituent à consulter/modifier/déposer des informations sur les sites webs de plus en plus collaboratifs.

II) L’évolution du marché et de la concurrence :

  • Microsoft a gagné l’essentiel du marché côté intra-entreprise
  • La concurrence se situe maintenant sur les messageries hébergées (Google,…)

Sur ce type de marché, Microsoft se devait de proposer une offre globale et crédible. En effet, le système de ventes indirectes proposées par les partenaires Microsoft ne convient pas. Il ne permet pas aux partenaires existants de proposer une offre mondiale de qualité.

L’infrastructure d’hébergement de Microsoft permet de fédérer la plupart des outils nécessaires à l’entreprise mais aussi différentes entités (Partenaires, Filiales,…) en réalisant l’équivalent des approbations entre forêts.

Néanmoins, ce système a provoqué la disparition de fonctionnalités qui étaient proposées par Exchange 2007 : l’accès aux serveurs de fichiers et de gestions documentaires (Sharepoint) de l’entreprise à travers OWA. Heureusement, peu de clients utilisaient cette fonction.

Dans le cadre de l’hébergement, comme dans le cas des grandes entreprises, le nombre de domaines de messagerie et d’utilisateurs à gérer est très important. Microsoft continue à simplifier l’administration à l’aide de commandes Powershells.

III) L’évolution des pratiques et des mentalités

Lorsque Microsoft examine l’usage de ses produits, et notamment la sauvegarde Exchange, le constat suivant est fait :

  • La sauvegarde de la messagerie est longue (Créneau horaire, multi-sites). Chez certains clients, les sauvegardes complètes - souvent préférées - par les administrateurs deviennent impossibles à réaliser dans le temps imparti.
  • Elle coûte cher : Les logiciels de sauvegarde, le matériel spécifique et le support de stockage reviennent généralement 2 fois plus chers que la messagerie elle-même.
  • Elle est (très) rarement utilisée : les contraintes de restauration, l’espace disque nécessaire, la complexité des procédures, les risques d’erreurs de manipulation, le temps passé. Par ailleurs, dans de nombreux cas, l’utilisateur peut récupérer lui-même l’élément supprimé à partir de l’outil de récupération des éléments supprimés de l’utilisateur, l’administrateur peut réexpédier le message à partir de la fonctionnalité « Dumpster ».

En résumé, la sauvegarde ne sert donc qu’à se prémunir d’un crash « complet » des serveurs nécessitant le rechargement de la totalité des informations.

Pour ces différentes raisons, et parce qu’il est maintenant facile de se prémunir de risques majeurs au niveau des disques et des serveurs grâce à Exchange 2010 et les DAGs, Microsoft propose carrément de ne plus sauvegarder la messagerie Exchange, ce qui peut sembler audacieux. Mais, les risques majeurs sont couverts par les DAGs qui permettent jusqu’à 16 copies sur 16 serveurs différents d’une même banque. Les risques mineurs sont couverts par une augmentation de la période de conservation des éléments supprimés (par exemple, 3 mois au niveau du système), une augmentation de la durée de conservation des messages entrants/sortants au niveau du rôle HUB et un système d’archivage. Par ailleurs, depuis Outlook 2007, en cas de crash d’un serveur et reconfiguration d’une boîte vide, les données sont alors resynchronisées depuis la copie locale (OST) de la boîte, ce qui en fait l’équivalent d’une copie supplémentaire.

Par ailleurs, les solutions d’archivage et de recherche deviennent de plus en plus courantes. Exchange 2010 facilite donc maintenant le stockage et la recherche, et un premier niveau d’archivage qui peut suffire à de nombreuses entreprises. L’intégration ou la réintégration des fichiers d’archivage permet de centraliser ce type d’information ainsi que sa recherche. De nouveaux outils spécialisés sont maintenant fournis pour autoriser et aider les personnes habilitées à réaliser des recherches dans les banques d’informations qui deviennent maintenant des bases de « connaissance ».

Les prochaines évolutions du logiciel Exchange dépendront fortement de la technologie Azure et de l’engouement pour la philosophie « Cloud Computing ». Microsoft fournit maintenant une passerelle simple entre l’informatique locale et l’informatique hébergée. Bien entendu, d'autres améliorations sont toujours possibles et même attendues.